Dr Kin
entraineur

5 astuces pour entraîneurs

C’est sans prétention que je vais me permettre quelques conseils à mes consœurs/confrères entraîneurs. Disons qu’il s’agit plutôt d’observations qui m’ont été et qui me sont toujours très utiles.

1)      Ne demandez pas à vos clients s’ils sont sérieux

Il peut s’avérer judicieux de passer ses futurs clients en entrevue afin de déterminer si une collaboration peut être fructueuse ou non. Lors de cette amicale entrevue, certaines questions sont toutefois pratiquement inutiles. Par exemple, de statuer que comme entraîneur, vous ne prenez que des clients ou athlètes sérieux. Quel client ou athlète va vous répondre : « Ah? Que des gens sérieux… C’est dommage moi qui voulait justement perdre mon temps et te faire perdre le tien en même temps… ». Il est certain que votre futur client va affirmer avec tout son cœur qu’il est sérieux, dévoué, obéissant, etc. Ne perdez pas votre temps à poser cette question qui ne vous apportera qu’une réponse automatique souvent dénudée de réalisme. Afin de déterminer le sérieux de votre interlocuteur, il est beaucoup plus intéressant d’observer des éléments concrets. Par exemple, observer la facilité (ou non) à fixer le rendez-vous avec votre client. Est-ce que ce dernier est difficile à caser? Demande-t-il à changer l’heure du rendez-vous à quelques reprises? Arrive-t-il à l’heure? Répond-il rapidement à ses courriels ou retourne-t-il rapidement vos appels? Ces observations vous en diront beaucoup plus sur le sérieux de sa démarche.

2)      Utilisez les médias sociaux

Big Brother à la rescousse. Je ne m’en cache pas, j’utilise abondamment Google et Facebook pour mieux cerner mes clients/athlètes. Je n’hésite pas à googler le nom de mes futurs clients ou athlètes afin de mieux les connaître. Outre les clichés d’images de beuveries ou crimes de jeunesses, les réseaux sociaux et Google peuvent vous donner un aperçu du rythme de vie d’un individu. Par exemple, des mises à jour de statut à 4 h du matin peuvent indiquer des troubles du sommeil ou bien une veillée qui s’est terminée sur le tard. Pour ceux et celles qui s’inquiètent d’empiéter sur le domaine de la vie privée, ce qui est accessible via Google ou Facebook par une simple recherche en ligne est très souvent considéré comme étant du domaine public. Petite anecdote, j’ai déjà une ex-cliente qui m’a dit devoir reporter notre rendez-vous, car sa mère était gravement malade. Par hasard (oui, oui, par hasard je vous l’assure), je suis tombé sur une mise à jour de statut Facebook via Foursquare qui la mettait au cinéma avec son amoureux à l’heure de notre rendez-vous. Ce n’est pas le report du rendez-vous qui m’a déçu, mais plutôt qu’elle sente le besoin de me mentir. La relation de confiance était désormais brisée.

3)      La technologie est votre amie, si vous la comprenez

J’ai commencé à utiliser la technologie dans ma pratique en 1998 avec l’achat d’un Palm III afin de conserver mes dossiers clients. La technologie et l’entraînement peuvent faire un excellent ménage. Que ce soit en utilisant des appareils de mesure, des systèmes de gestion de données ou tout simplement en créant des logiciels pour vous aider spécifiquement dans votre pratique, la technologie peut être un allié de taille. Tout comme elle peut s’avérer votre pire ennemie. Afin d’utiliser judicieusement cette dernière, vous devez la comprendre. Je m’étonne encore de côtoyer des entraîneurs qui fuient la technologie comme un adipocyte fuit le mollet d’un coureur. Je me souviens d’un cours de troisième cycle à l’université qui se donnait à 90 % sur MS Excel et où, encore aujourd’hui après un baccalauréat et une maîtrise, on y retrouvait des étudiants n’ayant pas une compréhension minimale du logiciel. Pourtant, il est possible de déterminer la capacité aérobie et les intensités d’entraînement cardiovasculaire à l’aide d’un tableur MS Excel tout comme pour les RMs en musculation. Et, tout ça sur un simple téléphone intelligent avec une feuille de calcul MS Excel.

Certains me diront que ce n’est pas nécessairement facile pour tout le monde. Et la physiologie ou la biomécanique, c’est plus simple peut-être? Bien souvent, les entraîneurs qui trouvent trop compliquée l’intégration de la technologie à leur pratique n’ont pas une pleine idée du potentiel du mariage entraînement et technologie. Cependant, la technologie peut devenir un ennemi de taille si elle est utilisée sans une bonne compréhension des fondements et mécanismes qui l’animent. Trop d’entraîneurs se fient aveuglément à la technologie sans en connaître les rouages. Cette attitude cause bien souvent de sérieux problèmes qui pourraient être facilement évités, simplement en se donnant la peine de fouiller et d’apprendre un peu plus. Combien de fois ai-je entendu des entraîneurs tout simplement (et maladroitement) mentir pour expliquer des résultats erronés. La technologie, ce n’est pas parfait, c’est utile.

4)      Il y a toujours une explication, qu’on la comprenne ou non

Il arrive parfois que nous soyons confrontés à des échecs, à des résultats aberrants qui peuvent nous sembler inexplicables. La tentation est forte pour trouver une explication mystique (explication mystique : explication où l’on ne peut pas mesurer les composantes de l’explication, ce qui fait en sorte qu’elle n’est pas immédiatement vérifiable). Le manque d’information limite notre capacité d’analyse d’une situation, pourtant, il arrive relativement fréquemment en entraînement que nous émettions des suppositions basées sur une explication mystique au lieu de chercher à prendre plus de mesures afin d’explorer davantage la problématique. Par exemple, un client ne perd pas de poids. Ce même client nous affirme s’entraîner fort et suivre son plan alimentaire à la lettre. Pas de perte de poids? C’est donc ses gènes ou son métabolisme qui le forcent à ne pas perdre de poids. Je ne savais pas que l’identification de gènes spécifiques se faisait à l’œil nu sans parler de mesure de métabolisme énergétique. Avoir su, j’aurais pris le cours… Beaucoup (trop!) d’entraîneur en resteront sur cette hypothèse qui deviendra une réalité dans la tête du client (je fais tout correct, ce sont mes gènes et mon métabolisme le problème). Il faut mesurer afin de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse. Il y a toujours une explication, qu’on le veuille ou non et surtout, qu’elle nous plaise ou non…

5)      Quand vous pensez que vous êtes compétents et efficaces, retournez à vos livres…

Lorsque vous vous sentez au-dessus de vos affaires et que vous voler sur les ailes de l’excellence, revenez sur terre et replongez-vous dans un ou plusieurs de vos livres de formation. Le sentiment de compétence est parfois associé à des comportements de négligences qui progressivement mènent un entraîneur à être confiant dans son incompétence. Le retour aux bases (biologie, physiologie, biomécanique, bioénergétique, psychologie, etc.) de l’entraînement vous permet de rapidement constater si vous êtes confiant pour les bonnes raisons ou si vous vous confortez lentement dans le lit de l’incompétence. Sérieusement, à quand la dernière fois où vous avez repris dans vos mains un de vos bouquins de formation (pas seulement pour le changer de place, mais pour le consulter)? Ici, je ne parle même pas de lire du nouveau matériel, simplement de s’assurer que vous savez ce que vous devez savoir.

Voilà, bien humblement, mes 5 astuces pour entraîneurs.