Dr Kin
Trackers de fitness Nike, fond blanc.

Nike, Polar ou Fitbit? Quel accéléromètre choisir?

Cela fait maintenant plusieurs années que j’en parle et que j’en fais la promotion. Les accéléromètres font désormais parties du monde de l’activité physique. Ces petits appareils, portés à la ceinture ou maintenant plus souvent au poignet telle une montre, permettent de quantifier l’activité physique. Je suis ravi de constater que l’on commence à faire la promotion d’un mode de vie actif, déterminé par le niveau d’activité physique sur 24 h et non pas seulement par l’entraînement. Les accéléromètres permettent donc de quantifier vos mouvements pendant des périodes prolongées (4-7 jours avant d’être rechargés). J’ai déjà discuté de leur utilité dans des articles précédents. En général, ces appareils vous fournissent de l’information en lien avec vos activités physiques sous différentes formes. On peut obtenir des valeurs aussi simples que les pas (comme un bon vieux podomètre) comme des valeurs plus complexes telles les calories dépensées ou encore la quantité et qualité de votre sommeil.

Toutefois, la course aux accéléromètres lancée par Nike il y a plusieurs mois m’inquiète quelque peu. Nombreuses sont les compagnies qui tentent l’aventure devant ce tout nouveau marché, apparemment fort lucratif, mais ceci ne garantit en rien que les produits vendus seront de qualité. Encore pire, rien ne nous garantit que tous les chiffres qui proviennent de ces sympathiques appareils sont le reflet de la réalité et non pas seulement du tape-à-l’œil funeste. Est-ce que ces appareils mesurent bien les pas? Les calories?

J’ai donc décidé de valider quelques-uns de ces appareils afin de déterminer s’il s’agissait d’un investissement intéressant. J’ai comparé le Nike Fuelband (NFB), le Nike Fuelband SE (NFB-SE), le Fitbit Flex (FF) et le Polar Loop (PL). J’ai effectué 4 tests:

1) Comparaison de la mesure des pas sur un parcours défini (NFB, NFB-SE, FF, PL)

2) Comparaison de la mesure de la dépense énergétique à la marche et à la course (NFB, NFB-SE, FF, PL)

3) Comparaison de la mesure de la dépense énergétique et du temps d’activité physique pendant 7 jours (NFB, FF, PL)

4) Comparaison de la mesure du sommeil (PL)

Comparaison des pas

Le parcours était simple et consistait simplement à marcher dans un corridor, monter un étage, marcher un autre corridor et revenir au point de départ en empruntant le même parcours. En moyenne, le parcours nécessitait 73 pas. Le tableau 1 présente les résultats pour les différents accéléromètres. Tous les appareils ont systématiquement sous-estimé les pas lors du parcours.

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Tableau 1
Tableau 1

Le Nike Fuelband SE est l’accéléromètre qui a le mieux mesuré les pas avec une sous-estimation moyenne de 7.2 pas (intervalle de confiance -12.6 pas à -1.8 pas). Ensuite vient le Fitbit Flex avec une sous-estimation de 9.4 pas (intervalle de confiance -14.1 pas à -4.7 pas), puis le Nike Fuelband avec une sous-estimation de 14.8 pas (intervalle de confiance -21.5 pas à -8.1 pas) et en dernière position le Polar Loop avec une sous-estimation de 50.2 pas (intervalle de confiance -64.7 pas à -35.7 pas). Bien que la mesure des pas soit peu utile lorsque l’on utilise un accéléromètre, les différentes compagnies ont toutes choisi d’inclure une mesure des pas. Il s’agit probablement d’une décision de mise en marché, une forme de transition du podomètre vers la nouvelle technologie des accéléromètres afin de ne pas perdre le consommateur. Toutefois, d’un point de vue de la validité et de l’utilité de la mesure, il s’agit d’une donnée très peu pertinente pour 2 principales raisons :

1) Les appareils portés au poignet ne mesurent pas correctement les pas

2) Comme les accéléromètres fournissent des données sur l’activité physique tant au niveau quantitatif que qualitatif, l’utilisation des pas laisse la place à l’utilisation d’une mesure d’activité physique (soit en intensité, soit en volume).

Comparaison de la mesure de la dépense énergétique à la marche et à la course

Comme second test, j’ai mesuré la consommation d’oxygène à la marche (4 km/h, 4.8 km/h, 5.6 km/h) et à la course (8 km/h, 9.6 km/h, 11.2 km/h) d’une participante alors qu’elle portait chacun des accéléromètres. Le tableau 2 présente les résultats pour chaque bloc d’une durée moyenne de 5 min pour chacune des conditions. Le Nike Fuelband SE offre encore les meilleurs résultats pour la marche (surestimation moyenne de 2.9 kcal pour 3 blocs de 5 min) suivis du Nike Fuelband (surestimation moyenne de 8.9 kcal pour 3 blocs de 5 min) ensuite du Fitbit Flex (surestimation moyenne de 9.9 kcal pour 3 blocs de 5 min) et finalement le Polar Loop (surestimation moyenne de 10.9 kcal pour 3 blocs de 5 min). Je dois mentionner que tous les accéléromètres ont été portés du même côté et que pour le Polar Loop, la ceinture de fréquences cardiaques n’a pas été utilisée. Toutefois, mes observations me portent à croire que l’ajout de la mesure des fréquences cardiaques pour le Polar Loop tend à donner des valeurs encore plus élevées de dépense énergétique (ce ne sont que des observations, pas des mesures contrôlées).

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Tableau 2
Tableau 2

Le tableau 3 présente la projection de l’erreur pour une durée de 20 min à la marche et à la course. Vous serez à même de constater que l’erreur peut être considérable. Il serait hasardeux de croire que l’on puisse obtenir une mesure valide de la dépense énergétique lors d’activités spécifiques. De plus, certaines activités peuvent être sous-estimées ou surestimées selon les mouvements au poignet ou encore si des charges sont déplacées pour de longues périodes (ce qui exclut une sous-estimation pour la musculation, mais pourrait s’appliquer pour une journée de déménagement, sans déménageur…).

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Tableau 3
Tableau 3

Comparaison de la mesure de la dépense énergétique et du temps d’activité physique pendant 7 jours

Il s’agit de la mesure la plus importante selon moi. L’utilité première des accéléromètres est de mesurer l’ensemble de l’activité physique sur 24 h et au final, d’offrir un portrait des patrons d’activités physiques. Les modèles d’accéléromètres ont été portés pendant une période de 7 jours simultanément avec un autre accéléromètre l’Actisleep (Actigraph) qui a été l’objet de nombreuses études de validation (et que j’utilise beaucoup). Malheureusement, je n’avais pas en ma possession le Nike Fuelband SE lors de ce test, je n’ai donc pas pu cumuler de données pour cet accéléromètre. Les tableaux 4 et 5 présentent les résultats de cette semaine de mesure d’activité physique.

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Tableau 4
Tableau 4

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Tableau 5
Tableau 5

Les analyses se compliquent un peu de par la nature des tests statistiques et aussi à cause des différentes façons que les appareils déterminent l’activité physique et la dépense énergétique. Par exemple, le Fitbit Flex et le Polar Loop offrent une mesure de kcal totale (Tableau 5) qui inclut le métabolisme de repos (on ignore quelle équation est utilisée pour déterminer la valeur de métabolisme de repos) alors que le Nike Fuelband ne donne que les calories associées à l’activité physique (Tableau 4). Le Fitbit Flex a offert un belle performance avec une sous-estimation moyenne non significative de 4 kcal (intervalle de confiance -117 à 125 kcal) suivies du Polar Loop avec une surestimation de 79 kcal (intervalle de confiance -239 à 82 kcal) et du Nike Fuelband avec une surestimation de 114 kcal (intervalle de confiance -389 à 161 kcal). Des analyses plus poussées permettent de déterminer que l’appareil offrant une mesure plus stable de la dépense énergétique est le Fitbit Flex (ICC : 0.96; 0.78 à 0.99) puis le Polar Loop (ICC : 0.90; 0.51 à 0.98) et finalement le Nike Fuelband (ICC : 0.81; 0.05 à 0.97). Ces statistiques nous indiquent que le Nike Fuelband donne une mesure plus variable, plus aléatoire de l’activité physique alors que les 2 autres appareils sont plus constants.

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Tableau 6
Tableau 6

Le tableau 6 présente les valeurs comparées de temps d’activité physique mesuré sur notre période de 7 jours. Pour cette analyse, seuls le Fitbit Flex et le Polar Loop nous offrent le temps d’activité physique. Le Fitbit Flex semble s’intéresser à des valeurs plus intenses d’activité physique alors que le Polar Loop englobe probablement un plus vaste répertoire d’intensités. Les chiffres nous révèlent que le Fitbit Flex sous-estime l’activité d’environ 90 min (intervalle de confiance : 58 à 123 min) alors que le Polar Loop surestime de 135 min (intervalle de confiance : 98 à 171 min).

Comparaison de la mesure du sommeil

Il n’a été possible de comparer que le Polar Loop, car seul cet accéléromètre inclut une mesure de détection automatique du sommeil. Nike n’offre rien du côté du sommeil alors que Fitbit nécessite l’accès au site web et l’entrée manuelle de l’heure du couché et de l’heure de réveil. Trop long, trop exigeant. Le Polar Loop présente un écart de 17 min (intervalle de confiance : -93 à 127 min) avec la mesure de l’Actisleep, ce qui est très intéressant. Les deux appareils mesurent la même chose et l’Actisleep est utilisé fréquemment dans des études sur le sommeil. En somme, le Polar Loop est un outil intéressant pour la mesure quantitative du sommeil. Les résultats sont présentés dans le tableau 7.

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Tableau 7
Tableau 7

La rétroinformation, les logiciels et ludification des outils

Le Nike Fuelband SE, le Nike Fuelband et le Polar Loop offrent des rétroinformation faciles à lire directement sur le bracelet (pas, kcal, temps d’activité physique, etc.). Il n’est pas nécessaire d’utiliser la connexion Bluetooth pour visualiser les informations sur son téléphone intelligent ou encore de télécharger les informations sur son ordinateur pour visualiser les données. Le Fitbit Flex jouit d’une capacité très limitée en ne présentant que des petits points comme indicateur d’activité physique (plus il y a de petits points, plus on se rapproche de notre objectif d’activité physique, mais aucun chiffre).

Il est possible de se fixer des objectifs personnalisés sur les modèles Nike Fuelband SE, Nike Fuelband et Fitbit Flex selon différents paramètres (Fuel, kcal, pas, etc.). Toutefois, je n’ai pas trouvé comment personnaliser l’objectif d’activité physique sur le Polar Loop (c’est extrêmement dommage). Ce dernier fixe un objectif sans qu’il ne soit facile/possible de le modifier.

Le Polar Loop peut aussi être utilisé avec un capteur thoracique de fréquences cardiaques. Il est possible d’enregistrer les fréquences cardiaques dans l’accéléromètre et ainsi de créer des sessions d’activité physique pouvant être visualisées sur appareil mobile ou sur l’ordinateur. Il est possible que le Loop utilise également les valeurs de fréquences cardiaques pour déterminer la dépense énergétique et le temps d’activité physique. Je dois cependant émettre certaines réserves face à cette méthodologie qui risque d’occasionner une surestimation de l’activité physique. L’avantage que j’y vois est celui de pouvoir visualiser ses fréquences cardiaques pendant l’effort et pouvoir comptabiliser les séances d’entraînement automatiquement dans un calendrier électronique. Autre élément rempli de bonnes intentions, le Loop vous indique le temps requis à la course ou à la marche ou à rester debout pour atteindre « votre » objectif. L’idée est excellente, malheureusement s’il est impossible de changer l’objectif, cela perd énormément de son utilité.

Dernier élément intéressant, les logiciels qui accompagnent chaque accéléromètre. Chacun offre différents outils allant de l’entrée manuelle des activités physique à l’entrée des aliments pour obtenir les calories consommées. Possiblement que je traiterai éventuellement plus en profondeur des différents logiciels, mais pour l’instant je dois avouer qu’il s’agit pour moi encore de produits en version Beta. Chaque logiciel présente des faiblesses importantes dans certains aspects, que ce soit de la façon de présenter les informations à l’accessibilité de leur site et à la convivialité de l’utilisation. Il en va de même pour les versions mobiles, il y a d’excellents éléments dans chacun d’eux, mais tous présentent également des faiblesses criantes. Aucun ne regroupe un ensemble de facteurs et d’éléments utiles, pertinents et valides pour être réellement un outil rencontrant des standards de qualité acceptables. Au niveau de l’aspect de la ludification (développement du plaisir et de l’engouement d’utilisation), Nike et Polar se démarquent légèrement du Fitbit Flex. Mais, il reste beaucoup, beaucoup de travail à faire à ce niveau.

Mon verdict

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Tableau 8
Tableau 8

En terminant, mon choix s’arrête sur le Nike Fuelband SE. Il combine une capacité de mesure intéressante avec un traitement des données qui peut être très utile. Un bémol potentiel se situe au niveau de la durabilité et du service à la clientèle de Nike. Plusieurs de mes athlètes se sont procuré des Nike Fuelband et plusieurs bris sont survenus. Il a parfois été facile de remplacer l’appareil (45 min d’attente au téléphone, 1-3 semaines avant de recevoir un produit de remplacement), parfois beaucoup plus laborieux (plusieurs heures d’attentes téléphoniques, 3 mois avant de recevoir un produit de remplacement).

Je crois que le Polar Loop possède probablement le plus beau potentiel, mais manque cruellement de finition et de travail de recherche pour améliorer ses capacités de mesure. LE Fitbit Flex est également un produit intéressant, l’ajout d’un meilleur système de rétroinformation augmenterait considérablement sa valeur.

Je n’ai pas inclus dans mes comparaisons le Up de Jawbone, car ce dernier permet difficilement d’analyser les données par fractions (intervalles de temps précis) et ne fournit facilement que les données pour 24 h. Le Up n’offre aucune rétroinformation sur le bracelet.

Je demeure convaincu que les accéléromètres sont des outils essentiels afin de réussir à modifier son niveau d’activité physique, que ce soit pour perdre du poids ou simplement pour profiter activement de la vie. J’espère que l’avenir nous offrira des outils plus valides, plus intelligents et plus réfléchis et non pas une course vers la bébelle technologique qui offre plein de chiffres bidons pour impressionner les acheteurs potentiels. Mais, pour l’instant, je compte bien continuer à utiliser des accéléromètres dans ma pratique en considérant les variations potentielles dans les données recueillies.

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