Dr Kin
Glace avec des biscuits.

Il faut bannir les chaises, pas les blizzards…

DQ_dotcom_promos_bfc_01Récemment, Le Devoir a publié un article clouant au pilori la malbouffe. Un réputé cardiologue, le Dr Martin Juneau (Cardiologue, Directeur de la prévention, Institut de Cardiologie de Montréal, Professeur agrégé de clinique, Faculté de médecine, Université de Montréal) mentionnait que la malbouffe, en l’occurrence les blizzards à 1350 kcal ne devraient pas exister. Loin de moi l’idée de me mettre à dos les grandes instances de la santé, mais je suis las d’entendre ce genre de raisonnement. Pourquoi les Blizzards ne devraient-ils pas exister? Parce que l’on n’en a pas besoin pour vivre mentionne le Dr Juneau. Donc, nous devrions épurer de nos vies tout ce qui n’est pas nécessaire à notre survie. De cette façon, nous serions tous intelligents, beaux, grands et forts…

Vous me direz que j’exagère (à peine), mais en réalité je n’exagère pas du tout. Selon moi (en toute humilité), c’est précisément ce type de raisonnement qui nuit à la population. On cherche des méchants coupables, on veut un diable et ce diable cadre très bien avec la perception populaire que nous avons des grandes entreprises. Nous sommes aux prises avec les vilains Pepsi, Coca-Cola et maintenant nous voilà confronté à la diabolique Dairy Queen. Ce sont eux qui cherchent à faire de l’argent en vous engraissant sans fin.

La pauvre population sans défense ne peut que se laisser subjuguer par leurs publicités enchanteresses et leurs produits envoutants pour mortellement tomber dans le piège de l’obésité. Le pauvre gouvernement n’a pas les moyens de lutter contre ces géants du Mal qui sont trop bien outillés. David contre Goliath que Le Devoir mentionnait…

Pourquoi alors certaines personnes mangent des Blizzards et ne sombrent pas dans l’obésité? Pourquoi certaines personnes boivent-elles de temps à autre des boissons gazeuses sans soudainement être foudroyées par un retentissant infarctus? Assurément leurs gènes…

On parle de taxer les boissons gazeuses et la malbouffe afin de financer le système de santé pour lutter contre l’obésité. Pour avoir discuté avec plusieurs intervenants en santé et avoir moi-même travaillé dans ce secteur, il est rarement question de manque de fond et beaucoup plus d’un manque criant d’organisation et de sens de la saine gestion. Non, plus d’argent contre l’obésité ne fera pas moins d’obèses, seulement plus d’argent dans un système qui ne cherche pas les bonnes solutions. Pire encore, ce système continu de travailler en parallèle en scindant constamment les interventions : d’un côté la nutrition, de l’autre l’activité physique. Quand va-t-on comprendre qu’il s’agit de la même chose? Les comptables travaillent autant avec les revenus que les dépenses, pourquoi continuons-nous à nous entêter à diviser les calories qui entrent des calories qui sortent?

Pourquoi ne pas taxer le temps d’écoute télévisuel ou bien le temps passé devant l’ordinateur? Pourquoi ne pas imposer une taxe sur les chaises? Et pourquoi ne pas bannir tout simplement les chaises? Plus personne assis, tout le monde debout. Même ça, ça ne marchera pas (je dois souligner le jeu de mots…). Pourquoi? Parce que le gouvernement et la population faillissent à la plus simple règle : afin de changer, il faut dans un premier temps le vouloir et avoir les connaissances nécessaires pour le faire.

La grande majorité de la population ne désire pas réellement changer, du moins, la plupart des gens en surpoids que je reçois en clinique souhaitent changer leur physique, mais ils souhaitent beaucoup moins changer la cause de leur surpoids (leurs habitudes de vie). Et c’est normal, c’est très difficile. En ce qui concerne ceux qui le veulent vraiment, une fraction de ces gens ne bénéficie pas des connaissances requises pour mettre en place un changement efficace qui leur procurera des résultats.

Une preuve de ce dernier point réside dans le témoignage du Dr Juneau (ce n’est rien de méchant envers le bon Dr). Ce dernier mentionne que cela prendrait des heures de sports pour brûler les calories provenant du démoniaque Blizzards. Encore une fois, on réduit l’activité physique à l’activité sportive. Bien souvent, l’activité sportive représente moins de 10 % des calories que l’on dépense sur une semaine. Ce n’est pas là que le match se joue pour la majorité des gens. C’est dans leur quotidien. Mais ça, on en parle encore difficilement même parmi les spécialistes comme le Dr Juneau. Ça, c’est un chapitre au manuel qui manque de façon criante.

On ne réalise pas le message contradictoire que la société envoie. Il faut combattre l’obésité, détruire la malbouffe et bouger plus. Cependant, les fumeurs au travail peuvent prendre des pauses de 15 min à quelques reprises par jour pour aller fumer alors que des gens obèses se voient refuser la possibilité d’aller prendre des marches de 15 min quelques fois par jour. Dans plusieurs grandes villes, il existe des règlements municipaux qui empêchent l’utilisation des escaliers (on ne peut déverrouiller les portes qu’en cas d’urgence). Mais, il faut faire du sport…

On s’acharne donc sur la malbouffe et sur les vilaines compagnies qui en produisent en se contentant de dire aux gens de bouger plus. Pourquoi ne met-on pas l’emphase sur l’éducation et sur la responsabilisation des gens? Pourquoi ne pas laisser le choix aux gens d’être obèses ou non et surtout, de les responsabiliser dans leur décision? Pourquoi ne pas inscrire des limites à la couverture de l’assurance maladie? Le diabète de type 2 et l’hypertension ne sont plus couverts s’ils sont présents suite à un surplus de poids. Ça, ça serait trop méchant et trop cruel. Non, on doit plutôt s’attaquer aux Blizzards et s’assurer que les gens ne soient pas éduqués en matière de bioénergétique. Il ne faudrait pas que quelqu’un apprenne quelque chose dans tout ça, parce qu’il est difficile de taxer le savoir.