Dr Kin
Exercice

Activité physique ou exercice ?

Bon, rien d’impressionnant comme titre vous me direz mais, la question mérite d’être posée. Vous avez assurément déjà entendu qu’il fallait pratiquer une quantité X ou Y d’activité physique pour espérer vivre en santé et en paix (vous ne trouvez pas que lorsqu’on parle d’activité physique, on emploie toujours un ton moralisateur?). Mais, qu’est-ce que l’activité physique? Il m’arrive fréquemment de poser la question et les réponses sont très variées et rarement complètes allant du classique « faire du sport » en passant par la petite marche du dimanche matin pour aboutir parfois à des exploits réalisés à huit clos (ai-je besoin de vous faire un dessin? Dans ce cas, il y a amplement de sites web qui illustrent la chose explicitement).

Allons-y donc pour une définition teintée de mon penchant pour la bioénergétique : L’activité physique représente toute action musculaire nécessitant de l’énergie. Cela implique que la rédaction de ces lignes représente de l’activité physique. Bon, l’intensité est probablement insuffisante pour améliorer ma capacité aérobie, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’activité physique. J’en entends plusieurs célébrer avec joie en apprenant qu’ils atteignent maintenant les 30 min d’activité physique par jour. Question de casser un peu le party, la définition ne s’arrête pas là. On subdivise l’activité physique en trois catégories : 1) l’activité physique obligatoire, 2) l’activité physique spontanée ou involontaire et finalement 3) l’activité physique volontaire. Et bien sûr, il y a l’intensité. Nous y reviendrons un peu plus loin, commençons par nos définitions un peu plus élaborées.
L’activité physique obligatoire représente toutes les activités physiques associées à la survie et à la reproduction (vous vous souvenez, les sites web…). Fait intéressant s’il en est un, ce compartiment de l’activité physique a subi de grandes perturbations au fil de l’Évolution. Désormais, la chasse aux mammouths est interdite dans plusieurs pays (rupture de stock y parait) et la cueillette de petits fruits se limite à une activité familiale un dimanche d’été où il ne fait pas trop chaud. L’urbanisation et la mécanisation ont rapidement pris le dessus sur l’huile de bras, le tout ayant comme conséquence une vie plus paisible, dévolue aux loisirs (bon, je rêve un peu…).

Non, malheureusement, malgré tous les bienfaits de l’urbanisation et de la mécanisation, un des effets négatifs les plus évidents est la diminution de la dépense énergétique associée aux activités physiques obligatoires. Oui, je sais, je n’ai pas parlé de la reproduction, mais, à voir le nombre de motels sur la rue St-Jacques qui ferment et le faible taux de natalité, je me doute qu’elle ne va pas en augmentant de façon suffisante pour contrebalancer le tout. Mais, la perte de poids par la reproduction, ça pourrait faire une téléréalité intéressante… ou non. Passons.

L’activité physique spontanée ou involontaire est caractérisée par tous les petits gestes auxquels nous ne pensons pas et que nous faisons systématiquement tous les jours. En bon québécois, on parle de bougeotte. Il s’agit d’un compartiment très variable qui est influencé par plusieurs facteurs. Le vieillissement semble affecter notre propension à être actif « spontanément », les personnes vieillissantes ayant une tendance moins soutenue pour la bougeotte (n’allez pas faire de blagues de mauvais goût sur les tremblements associés à la sénilité ou au Parkinson, je vais vous en vouloir!). Alors qu’il est inévitable de vieillir, un autre facteur influence notre activité physique spontanée : l’entraînement. Alors que plusieurs vont sauter de joie, d’autres risques d’être confronté à une prise de conscience douloureuse, car, l’entraînement n’a pas forcément un impact positif sur l’activité physique spontanée. Suite à un gros entraînement, il est possible que des mécanismes compensatoires se mettent en marche pour diminuer votre niveau d’activité physique spontanée afin d’éviter d’épuiser vos précieuses réserves d’énergie. Concrètement, ça fait quoi? me demanderez-vous tous en cœur. Ça fait que les calories dépensées à l’entraînement peuvent être compensées par une moins grande spontanéité active durant la balance de la journée. En chiffre, vous dépensez 300kcal au gym et par la suite, vous allez bouger moins pour l’équivalent de 300 kcal, et ce, sans vous en rendre compte. Comble de malheur, vous n’avez pas vraiment d’indicateur pour vous avertir de ce phénomène. Je suis certain que vous avez déjà entendu bon nombre d’individus se plaindre de leur faible perte de poids suite à de laborieux efforts au gym et de blâmer le tout sur leur métabolisme qui doit sûrement être trop lent ou bien sur leurs gènes maladifs. En fait, il est possible que ces personnes bougent moins depuis qu’ils s’entraînent.

Pire encore, un déficit énergétique important entraîne également la mise en place de mécanismes compensatoires au niveau de l’activité physique spontanée. Plus vous êtes en déficit énergétique, moins vous aurez d’énergie allouée au budget de l’activité physique spontanée. Bouger plus et manger moins est sans aucun doute plus facile à dire qu’à faire.

Notre troisième compartiment, l’activité physique volontaire, représente toutes les activités physiques pratiquées dans le but d’améliorer sa condition physique ou sa santé (c’est ça l’exercice finalement). Généralement, il s’agit de la définition la plus répandue de l’activité physique (mais, vous voyez maintenant qu’il s’agit d’une définition trop réductrice). Lorsque les gens décident d’être plus actifs, c’est exactement (et parfois uniquement) ce compartiment qui est augmenté. Les gens commencent à faire du sport, à s’entraîner, etc. Cependant, il est possible que l’augmentation de l’activité physique volontaire entraîne une diminution de l’activité physique spontanée et même de l’activité physique obligatoire (après une séance intense au gym, il est possible que l’étalon fringant soit un peu trop fatigué pour se reproduire…).

Alors combien d’activité physique faut-il pratiquer quotidiennement? Il s’agit d’une question dont la réponse peut varier terriblement. Les recommandations actuelles ne traitent que de l’activité physique volontaire et ne touchent pas les autres compartiments de l’activité physiques. Il est possible que la pratique quotidienne de 30 minutes d’activité physique volontaire à une intensité modérée (où la parole est perturbée par l’intensité) pour certains favorise une meilleure condition physique pour certains alors que cela n’est pas adéquat pour d’autres. Pourquoi? Parce que cela dépend de la quantité et de l’intensité des activités physiques obligatoires et spontanées. Plusieurs vous diront que ce ne sont pas des compartiments importants. À ces personnes, je pose la question suivante : combien de calories ou de minutes représentent ces compartiments? La réponse sera évasive, voire même incohérente. Si on ne sait pas combien de calories ou de minutes représentent ces compartiments, on ne peut pas affirmer que leur contribution est sans importance. La vérité est bien simple : il est extrêmement difficile de mesurer ces compartiments voilà pourquoi on préfère les mettre de côté. Pour revenir à la question initiale (combien d’activité physique, vous vous souvenez?), je crois que la réponse est simplement : PLUS. Plus d’activité physique obligatoire (si possible), plus d’activité physique spontanée et plus d’activité physique volontaire.