Dr Kin
entraineurs

Les 5 pièges à éviter avec votre entraîneur

Ne percevez pas avec cet article une tentative de crucifier tous les entraîneurs, mais plutôt une proposition de qui devrait caractériser une certaine qualité de relation entre vous et celui-ci. Habituellement, lorsqu’on parle des éléments importants que l’on devrait rechercher (et trouver) chez un entraîneur on met en tête de liste le ou les diplômes et la formation. Ensuite si ce dernier (ou cette dernière, mais je déteste le terme entraîneuse) détient un certificat de réanimation cardiorespiratoire valide (seulement utile si vous prévoyez défaillir sous son joug). Finalement, a-t-il des histoires à succès avec photos à l’appui? A-t-il perdu 150 kg suite à une illumination soudaine l’incitant à changer sa vie et à se prendre en main ou bien est-il derrière les succès de Sydney Crosby? Si pour vous tout cela résume l’essentiel de la qualité d’un entraîneur, vous pouvez arrêter de lire et courir à votre prochain rendez-vous avec lui. Pour les autres, voici ma proposition des éléments importants de votre relation.

1-Se fier à ses certifications/formations/diplômes

Quoi? Toutes ces années d’études et de formations ne servent à rien? Mais non, elles peuvent servir à quelque chose, si la matière a été comprise et qu’elle est appliquée. Pour obtenir un baccalauréat, il faut réussir ses cours avec la note de passage. Pour réussir la plupart des formations, il ne faut que s’y présenter pour obtenir le diplôme. Et pour celles qui ont un examen, la plupart du temps ce dernier se trouve assez facilement sur Internet.

Ça ne veut pas dire que les formations ou qu’un diplôme universitaire sont mauvaises, il faut seulement faire la distinction entre les apprentissages dispensés et ce qui est compris. Vous devez vous fier sur ce que VOUS comprenez des explications ou justifications que votre entraîneur vous fournit avec votre programme. Ces informations doivent être ensuite vérifiées. Comment? Utilisez la loi de la masse. Utilisez Google abondamment afin de trouver de l’information. Utilisez Google intelligemment cependant. Vous souhaitez gagner de la masse musculaire? Googlez mythes sur le gain de masse musculaire ou encore les erreurs à ne pas faire pour gagner de la masse musculaire. Si les explications de votre entraîneur se retrouvent dans les résultats obtenus, vous allez devoir questionner votre entraîneur et possiblement certains de ses confrères (ou compétiteurs) pour approfondir le sujet.

2-S’ assurer de ses capacités d’évaluation

L’évaluation est la base du travail de l’entraîneur. Sans collecte de données, il est très difficile d’individualiser une planification d’entraînement. Il faut appuyer l’échafaudage de l’entraînement sur des données et il faut surtout être en mesure d’évaluer les changements. Votre entraîneur doit être en mesure de baser sa prescription d’entraînement sur des éléments tangibles que vous devez connaître. Les changements que vous souhaitez obtenir doivent être mesurés de façon objective.

Je suis toujours inquiet lorsque je vois des statuts sur Facebook ou Twitter de personnes qui font état de leur progression. On peut y lire des informations particulières comme : « Mon entraînement et ma diète ont porté fruit : je suis passé de 16 % de gras à 13 %. On est sur la bonne voie! » Pas forcément. Quelle est l’erreur de mesure associée à l’évaluation? Est-ce que la précision de l’évaluateur est de ±5 %? Cela voudrait dire que l’évaluateur n’est pas en mesure de faire la distinction entre les valeurs de 16 % et de 13 %. Il est donc possible qu’il n’y ait pas eu de changement et donc que l’entraînement et la diète n’aient pas fonctionné comme prévu… Certains diront que leur entraîneur utilise des appareils sophistiqués. Si c’est le cas, il vous sera facile de demander (et d’obtenir) la valeur associée à l’erreur de mesure. Sinon, il sera difficile de faire des comparaisons avant après, technologie ou pas.

3-Lui faire confiance aveuglément

Donner autant de pouvoir à un individu, compétent ou non, est toujours un comportement à risque très élevé. Votre entraîneur peut être de bonne foi, intelligent et même beau. Cela n’enlève rien au fait qu’il puisse se tromper. Ses erreurs peuvent s’avérer extrêmement coûteuses pour l’atteinte de vos objectifs de même que pour votre santé. Je vais me prendre en exemple sur ce point. J’utilise un logiciel pour structurer mes planifications d’entraînement afin de faciliter l’organisation des séances au sein d’une planification de 12 semaines. Cependant, il arrive que le logiciel soit animé de certains caprices et qu’il dédouble certains exercices. Cela peut avoir comme effet de doubler le travail pour un même exercice causant des modifications importantes et potentiellement désastreuses pour l’entraîné. Même si je révise le document final d’une cinquantaine de pages, il est possible que je passe par-dessus un simple dédoublement d’image et que l’erreur se transmette à l’entraîné. Si quelque chose vous semble louche ou « original » pourquoi ne pas poser la question de façon insistante à votre entraîneur afin de vous assurer de son exactitude? N’hésitez pas à remettre en question votre entraîneur, son égo devrait lui permettre de gérer ce genre de situation.

4-Choisir ce qui vous convient et faire fi du reste

Il arrive que certains clients décident d’adapter leur entraînement sans en informer leur entraîneur parce qu’ils aiment plus ceci et moins cela. Ce double jeu est très risqué, car l’ensemble de la planification d’entraînement conçue pour l’atteinte de vos objectifs par votre entraîneur (du moins j’espère qu’il planifie) repose sur certains éléments qui peuvent être hors de votre compréhension. Il est possible que certains éléments qui vous plaisent moins soient des points critiques pour permettre la progression vers vos objectifs sans toutefois être très évident. Par exemple, j’accorde de l’importance à l’entraînement en flexibilité pour le développement de la force et de l’hypertrophie. Il n’est pas rare que certaines de mes athlètes négligent ce volet de leur entraînement et que cette décision finisse par leur coûter cher en termes de temps de développement (à un moment donné, la flexibilité peut devenir un facteur limitant du développement de la force et éventuellement de l’hypertrophie, mais ceci est une autre histoire). Si vous prenez un entraîneur, c’est pour qu’il vous guide et non pas pour qu’il vous donne ce que vous avez envie de faire. Sinon, achetez-vous un magazine ou bien surfez sur Internet pour trouver des choses que vous aimez faire et vous sauverez des sous côté entraînement.

5-Se fier au physique ou aux performances de l’entraîneur ou bien de ses athlètes

Pour beaucoup de gens, les performances ou le physique de l’entraîneur sont le premier critère de sélection. Ensuite, les réalisations de ces clients ou athlètes suivent non loin derrière. Suite au succès de mes athlètes, j’ai eu plusieurs demandes de personnes espérant performer au même niveau. C’est flatteur et j’apprécie, mais c’est mal comprendre l’essence même du succès menant à l’atteinte des objectifs. La réussite en entraînement se matérialise lorsque la symbiose entre l’entraîneur et l’entraîné passe devant les intérêts de chacun des partis. Si mes athlètes ont du succès, c’est à cause de la relation que nous avons et non pas uniquement à cause de mes connaissances/compétences et de leur discipline/effort. Si ce n’était que ça, un entraîneur ne devrait qu’avoir un QI élevé et les athlètes une discipline de fer. C’est plus complexe que ça. Il est donc illusoire de magasiner un entraîneur en se fiant uniquement à ses performances ou bien à celles de ses athlètes. Il faut plutôt se magasiner une relation qui permettra aux deux partis de pleinement exploiter leur potentiel. Pour ce faire, il faut développer une relation basée sur la communication, les connaissances et l’intégrité.