Dr Kin

Obésité et voitures hybrides

Vous vous demandez sûrement où je m’en vais avec ce titre et que je vais possiblement vous sortir une corrélation entre la puissance de la batterie d’une voiture hybride, des ondes émises et de la circonférence de la taille du conducteur? Tout simplement non.
Je vais plutôt m’avancer à émettre un constat portant sur notre façon de gérer l’énergie, tant la nôtre (nos réserves de gras et de sucres provenant de l’alimentation) que celle mise à notre disposition (essence, électricité, etc.). L’humanité fait face à deux grandes crises qui menacent l’essence même de son existence; une crise environnemento-énergétique et une crise obéso-énergétique (ne sortez pas vos dictionnaires, je viens d’inventer ces mots et si vous en avez des meilleurs, n’hésitez pas à commenter…). La première, la majorité des environnementalistes vous en parlent régulièrement : nous surconsommons des énergies non renouvelables, nous gaspillons avec une aisance peu commune, nous polluons, etc. La seconde, l’ensemble des professionnels de la santé nous rappellent que nous souffrons de plus en plus d’embonpoint et d’obésité et que l’avenir n’est pas d’augures favorables pour la prospérité de l’espèce. Ces petits rappels étant faits, je peux poursuivre avec une conscience professionnelle et écologiste assouvie.
Ceux qui lisent ce billet après avoir ingérer une délectable substance dopante à base de caféine ont sûrement sourcillé en observant la contradiction notoire dans notre mode de gestion de l’énergie. Pour les autres, je vais poursuivre en tentant de mieux illustrer le phénomène tout en vous félicitant de vous tenir loin des substances psychoactives populaires.
Avez-vous remarqué qu’il y a de nouveaux utilisateurs sur les circuits cyclables du Québec? Vous savez, le festival des mopettes électriques? Ces petits véhicules redoutablement rapides et de toutes apparences fort difficiles à contrôler adéquatement se retrouvent en horde le long de notre réseau cyclable. Ces individus, on ne les retrouvait pas sur le réseau cyclable il y a 5 ou 6 ans. Maintenant oui. Malgré l’aspect renouvelable de l’électricité, il n’en demeure pas moins que sa consommation implique des coûts monétaires et environnementaux. Il s’agit d’une énergie beaucoup moins sale que les combustibles fossiles, mais il y a également un coût environnemental qui lui est rattaché. Pour l’instant, il n’y a pas de problème, mais, à observer notre mode de gestion de l’énergie qui est à notre disposition, nous devons nous inquiéter. Avez-vous remarqué que plus nous avons de l’énergie à notre disposition, plus nous en dépensons/gaspillons? Notre horde de mopettes électriques ne se pointait pas le nez plus loin que leur balcon il y a 5 ou 10 ans. Maintenant, ils sortent allégrement de chez eux (ce qui en soit n’est pas mauvais) pour chevaucher leur rutilante bécane électrique non pas en augmentant leur dépense énergétique personnelle, mais, en augmentant leur consommation d’énergie électrique. Ça ne coûte pas cher, ça ne fait pas mal alors on en profite.
Pour un blogue sur l’activité physique, vous trouvez sûrement que je dérape tel un vélocipède en janvier sur un trottoir glacé. Je m’autorappelle à l’ordre…
Depuis plus de 40 ans, l’espèce humaine peuplant les pays industrialisés nage dans une abondance nutritionnelle sans précédent. Nous avons une quantité « industrielle » de bouffe à notre disposition et, à observer notre tour de taille collectif, nous en profitons allégrement. Donc, plus nous avons d’énergie nutritionnelle à notre disposition, plus nous faisons des réserves en consommant beaucoup d’aliments et en minimisant notre activité physique (vous savez, le tour de taille dont je parlais). Contrairement à l’énergie provenant de la combustion du carbone de nos ancêtres ou celle provenant des barrages hydroélectriques siégeant sur les terres du bon vieux Lakota, nous semblons être extrêmement avares et économes en ce qui touche « notre » énergie. Bref, pour ce qui est de l’énergie « biologique », nous sommes davantage enclins à l’entreposer et pour ce qui touche l’énergie électrique, fossile, etc., comme on dit : « Au yable les dépenses ! ». Dans les deux cas, ces comportements et activités ne semblent pas profiter à l’espèce…
Comment peut-on présenter des comportements si diamétralement opposés en ce qui concerne l’utilisation de l’énergie, celle qui se transforme, mais qui ne se perd pas? Pourquoi est-ce que l’essence même de l’humanité (outre de se reproduire) est elle vouée à se faciliter la vie et à adopter des comportements incohérents? Sommes-nous empreints d’un gène forçant l’expression d’une hypocrisie énergétique à peine déguisée? Pourquoi le vendeur bicyclette électrique argumente avec postillons à l’appui que l’achat d’un tel véhicule favorise l’activité physique (ça va vous faire sortir ma p’tite dame !)? Pourquoi, dès que nous avons accès à la facilité nous sommes soudainement poussé à choisir cette solution en premier, et ce, même si cela implique un effet délétère sur notre santé? Toutes les couches de la société savent pertinemment qu’il faut faire de l’activité physique et manger mieux sinon, nous risquons des problèmes de santé fâcheux. Pourtant, nous choisissons de plus en plus des modes économiques de déplacement et là, je ne parle pas d’économie de sous. Par exemple, le métro de Montréal a installé des ascenseurs dans certaines stations (une bonne chose!), mais il a fallu spécifier qu’ils devaient uniquement servir aux personnes à mobilité réduite. Sinon, imaginez la file! Aucune personne à mobilité réduite n’aurait pu espérer les utiliser (imaginez le commentaire dans l’ascenseur : « Ouin, ça prend de la place ton fauteuil à roulette, va falloir que j’attende l’autre voyage à cause de toé… »). Pourquoi 99 % de la population rage et s’entasse dans l’escalier mécanique alors que les bons vieux escaliers de l’époque de Da Vinci (pas le film, le vrai) demeurent vacants et cumulent les toiles d’araignée?
En attendant, nous allons observer une augmentation dans la vente de véhicules hybrides (et de mopettes électriques avec lecteur MP3) ce qui va causer une augmentation du nombre de véhicules sur notre réseau routier déjà saturé et nous allons utiliser encore davantage la voiture, hybride ou non, comme moyen de déplacement de prédilection. Et, de façon simultanée, nous allons observer une augmentation de l’incidence de l’obésité. Donc, j’en conclus que l’obésité pollue et que les voitures hybrides causent l’obésité.
Ce billet est une commandite de l’imbécile en scooter électrique qui m’a presque fauché alors que je me déplaçais à l’aide d’une bipédie non motorisée (jogging).