Dr Kin
Un homme en fauteuil roulant participant aux Jeux paralympiques sur une piste.

Pourquoi les jeux paralympiques ?

Sérieusement, qui a déjà regardé les Jeux paralympiques? Vous savez, cet événement qui se produit après chaque vrais Olympiques, mais que personne ne regarde? On y voit une ribambelle de personnes souffrant de handicaps divers s’adonner à des disciplines « Olympiques ». Pour vous donner une idée de l’intérêt, la vente de billets pour les vrais Olympiques d’hiver 2018 ne s’est pas bien déroulée et on estime qu’un peu plus de 650 000 billets ont été vendus sur les 1,07 millions disponibles. C’est franchement mauvais.

Pour les paralympiques?

Un record de vente pour 2018 avec… 320 000 billets vendus.

Pas vraiment d’intérêt je vous disais. Et ça, c’est sans parler de la couverture médiatique. Ici Radio-Canada prévoyait diffuser plus de 100 h de couverture pour les paralympiques d’hiver 2018 comparativement à 2500 h de couverture en direct pour les vrais Olympiques d’hivers 2018.

Pourquoi regarder des gens souffrant de handicaps offrir des performances bien en deçà des performances des vrais athlètes aux vrais Olympiques? Pour certains, ça pourrait friser le ridicule. Quel intérêt peut-on avoir à regarder des gens dont il manque des morceaux ou qui ont des capacités limitées se ridiculiser à aspirer à être des vrais athlètes?

Pourquoi prendre le temps de regarder les quelque 55 « athlètes » canadiens « participer » aux Jeux paralympiques? Peut-être par compassion ou encore pour compléter des heures de travaux communautaires ? Certainement pas pour vivre des vraies émotions comme aux vrais Jeux olympiques avec les vrais athlètes…

Parce qu’au-delà des préjugés, il y a bien plus que l’on pourrait croire. Parce qu’il ne s’agit pas de limites ou de handicaps, mais bien de performances qui défient toutes les attentes, qui remettent en question les lois de la physique et les principes de physiologie humaine. Parce que les vrais athlètes sont ceux et celles qui surmontent jour après jour l’adversité pour se rapprocher le plus possible d’un idéal de performance. Parce qu’au-delà des préjugés, il y a l’espoir du possible.

Pourquoi regarder et encourager Brian McKeever en ski paranordique et en biathlon?

Parce qu’il s’agit d’un athlète exceptionnel qui a écrit une page d’histoire en 2010 lorsqu’il a été nommé dans les deux équipes olympiques et paralympiques canadiennes. Parce qu’il a réussi ce qu’aucun fondeur canadien n’a réussi, soit remporter des médailles d’or en ski de fond, dont une après avoir chuté puis vaillamment remonté le peloton. Brian est atteint de la maladie de Stargardt qui affecte sa vision (vision 10/200).

Pourquoi regarder et encourager Kimberly Joines en parasnowboard et ski para-alpin?

Parce qu’il s’agit d’une athlète exceptionnelle deux fois championne du monde, 22 fois gagnante d’une coupe du monde et médaillée de bronze aux paralympiques de Sotchi en 2014 et à Turin en 2006. Tout cela malgré une blessure à la moelle épinière en mars 2000 (en snowboard) qui l’a laissée paralysée au niveau des membres inférieurs.

Et j’en passe.

Je trouve extrêmement triste que les Jeux paralympiques passent littéralement inaperçus dans les médias traditionnels ainsi que sur les réseaux sociaux. Pourtant, on peut assister à des performances qui défient à la fois les lois de la physique et les capacités humaines.

Détrompez-vous, il s’agit de haute performance. Mais, il s’agit surtout d’un implacable exemple de résilience et d’une immense capacité d’adaptation. Si les Olympiques sont une source d’inspiration pour certains, les paralympiques sont une leçon de vie dont nous pouvons tous et chacun tiré profit.

L’esprit, le corps et l’âme est bien plus qu’une simple devise, il s’agit d’un symbole marquant qui devrait animer chacune de nos actions et ainsi teinter notre quotidien d’un peu plus de lucidité, d’intégrité et de résilience. Je vous invite à regarder cet événement exceptionnel et à encourager nos athlètes ainsi que tous les athlètes qui font bien plus que participer à ces Jeux. Pour en savoir plus

Ce type de jeux spéciaux a débuté en 1948 suite aux efforts de Sir Ludwig Guttman, un médecin neurologue de l’hôpital de Stoke Mandeville en Angleterre. À l’origine, l’objectif de ces jeux était de réhabiliter par l’activité physique des victimes et des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale devenus paraplégiques.