Dr Kin
réseaux sociaux

Et si on arrêtait…

Et si on arrêtait pour seulement quelques instants d’utiliser les réseaux sociaux ? Si on arrêtait de chercher à montrer à un auditoire virtuel ce que l’on mange, nos entraînements et nos records personnels comme si c’était d’un intérêt planétaire ? Est-ce qu’on serait moins bons, moins performants ?

Et si on arrêtait de constamment chercher à montrer une image léchée, prédéfinie, chorégraphiée de notre vie afin de plaire à un auditoire voyeur et invisible ? Est-ce qu’on serait moins importants ?

Et si on arrêtait de prêcher pour avoir raison sur tel ou tel régime ou entraînement en essayant toujours de convaincre le plus de croyants et de fidèles, comme si la validité d’un régime ou d’un entraînement dépendait du nombre de personnes qui y croyait ? Est-ce qu’on serait moins en forme ou en santé ?

Et si on arrêtait de constamment trancher les arguments en « nous » et « eux », comme si avancer un argument nous stigmatisait dans un camp et nous tatouait d’une idéologie figée et entière ? Serions-nous moins intelligents et moins érudits ?

Et si on arrêtait de croire que l’approbation des autres justifiait nos actes et paroles, comme si la légitimité et la morale d’un geste ou d’un mot dépendait de l’auditoire ? Est-ce que notre estime de soi en serait amoindrie ?

Et si on arrêtait de s’aveugler de nos posts, de nos commentaires et de nos likes pour y voir le véritable impact de nos faits et gestes virtuels ? Est-ce qu’on serait aussi enclin à virtualiser notre vie parfaite aux autres sachant non pas tout le bien, mais les quelques torts qui en ravageront plusieurs ?

Et si, pour un bref instant, on mettait l’emphase sur le vrai, le soi, le nous et que l’on redressait la tête pour apercevoir au loin, une perspective différente ? Est-ce que nous cesserions d’avancer ?

Pourquoi, à l’ère des réseaux sociaux, faut-il remplir notre vie virtuelle de tissus théâtraux afin de plaire et d’impressionner un auditoire vide, assoiffé de sensations et de nouveautés, mais insensible à la substance et au contenu ?

Réfléchissez avant d’afficher vos repas, votre entraînement ou vos performances sur les réseaux sociaux ; outre nourrir votre égo et votre désir de la vie parfaite que vous n’avez pas, vous ne faites qu’ajouter de l’eau à l’étang de Narcisse